Caïds des Gonaïves et mercenaires à gages — Révolte armée Deux principaux groupes ont participé à la révolte armée qui a renversé le gouvernement du Président Jean-Bertrand Aristide. Celui du Front de Résistance des Gonaïves était mené par Buteur (Butteur) Métayer, Jean-Pierre Baptiste (dit Jean Tatoune) et Wynter (Winter) Étienne qui ont lancé l’insurrection menant à la saisie des Gonaïves le 5 février 2004. Le second appelé Front de Libération National qui était dirigé par Guy Philippe et Louis-Jodel Chamblain consistait principalement d’anciens membres des Forces Armées d’Haïti qui se glissèrent en Haïti de la République Dominicaine avoisinante. Bien que leurs antécédents politiques différaient considérablement, ces deux groupes partageaient en commun des violations sérieuses de droits humains. Louis-Jodel Chamblain Sergent dans les Forces Armées d’Haïti et membre de son corps élite Léopard jusqu’en 1990, Louis-Jodel Chamblain aurait dirigé un peloton de la mort sous le Président à Vie Jean-Claude « Bébé Doc » Duvalier qui s’est exilé du pays le 2 février 1986. Il co-fonda l’organisation paramilitaire Front pour l’Avancement et le Progrès d’Haïti (FRAPH) en 1993 avec son secrétaire général Emmanuel « Toto » Constant, y occupant le poste de coordonnateur (commandant en second) appuyé par deux autres membres du comité central dont le Duvaliériste notoire Alphonse Lahens et l’avocate Mireille Durocher-Bertin qui fut assassinée en 1995.1 Responsable des pelotons de la mort du FRAPH pendant le régime militaire du général Raoul Cédras de 1990 à 1994 (plus de 3 000 victimes), Chamblain s’était sauvé en République Dominicaine après le retour d’Aristide le 15 octobre 1994. Il fut condamné par contumace en Haïti le 17 septembre 1995 (détention à perpétuité et aux travaux forcés) avec sept chefs militaires et paramilitaires pour avoir participé à l’assassinat d’Antoine Izméry le 11 septembre 1993, un homme d’affaires de Port-au-Prince proche du Président Aristide. Il a également eu un rôle dans l’assassinat du Ministre de la Justice, Guy Malary, qui fut mitraillé à mort avec son garde du corps et conducteur le 14 octobre 1993. Selon un mémorandum d’intelligence de la CIA daté 28 octobre 1993 obtenu par le Center for Constitutional Rights à travers le Freedom of Information Act, les « membres de FRAPH Jodel Chamblain, Emmanuel Constant et Gabriel Douzable avaient rencontré un officier militaire non identifié le matin du 14 octobre pour discuter des plans pour tuer Malary. » Le Tribunal Criminel des Gonaïves siégeant avec assistance d’un jury condamnait ensuite Chamblain « d’homicide volontaire et prémédité » le 16 novembre 2000 (avec 16 soldats et complices dont Cédras, Philippe Biamby, l’ex-chef de police Michel François, Emmanuel « toto » Constant et Jean-Pierre Baptiste (dit Jean Tatoune) en raison du massacre d’au moins 15 hommes, femmes et enfants les 18 et 22 avril 1994 à Raboteau aux Gonaïves.2 Guy Philippe Ancien lieutenant des Forces Armées d’Haïti qui reçu un entraînement par les forces spéciales américaines à l’académie policière Gerardo Alberto Enriquez Gallo de Quito en Équateur entre 1992 et 1995, Guy Philippe se joint aux rangs de la Police Nationale d’Haïti (PNH) posté à Ouanamithe en 1995 et devint ensuite commandant du Corps de Sécurité Ministériel (CSM). Le CSM était une unité spéciale de police dont les membres qui portaient des vêtements civils et se déplaçaient en véhicules non marqués étaient qualifiés de « cow-boys incontrôlables » par les observateurs des Nations Unies. Le CSM a été impliqué dans des sérieuses violations de droits de l’homme sous la conduite de Philippe, y compris une série d’assassinats de personnes innocentes dans Cité Soleil le 6 mars 1996. Le directeur général de la PNH, Pierre Denizé, congédia Philippe de son poste le 9 octobre 1996 pour « violation des droits de l’homme » et « déviation de fonds. »3 Philippe a néanmoins servi comme chef de police de Delmas (grande banlieue au nord de Port-au-Prince) de 1997 à 1999. La Mission Civile conjointe de l’ONU-OÉA en Haïti signalait que des douzaines de chefs de bandes dans le secteur étaient sommairement exécutées pendant cette période, la plupart par les policiers de son adjoint, l’inspecteur Berthony Bazile. Guy Philippe fut transféré au Cap Haïtien en 1999 où le chef de police occupa son poste pendant une année. Un coup de force raté a commencé à se matérialiser au cours de deux réunions tenues les 8 et 11 octobre 2000 à la résidence privée de l’attaché militaire des États-Unis en Haïti, le major Douyon. Pendant la première rencontre avec un groupe formé d’anciens commissaires de police dont Guy Philippe et Didier Séïde (autrefois affecté au Palais National et qui avait été congédié pour son implication dans le trafic de stupéfiants), il avait été question d’appâter d’autres commissaires sous prétexte qu’ils pourraient obtenir un visa d’entrée aux États-Unis et d’organiser une rencontre avec le chargé d’affaires américain, Leslie Alexander, pour lui parler du projet de putsch planifié pour le mois de novembre — une opération qui devait durer trois jours à la suite de laquelle les conspirateurs comptaient s’éclipser après avoir installé un gouvernement provisoire. À la deuxième avec Alexander, Séïde et Philippe ont alors déclaré à leur interlocuteur qu’ils disposaient de 600 policiers prêts à passer à l’action « y compris des agents de la sécurité du Palais National et d’un support en attente censé venir du ‘pays voisin’. » L’objectif premier était d’éliminer physiquement Aristide, René Préval et le sénateur Dany Toussaint, ainsi que de traduire devant les tribunaux le ministre des Finances, Fred Joseph, pour donner du crédit à leur action. Les putschistes promettaient aussi de quitter le pays une fois leur mission accomplie si l’ambassade américaine le réclamait. Disposant, outre ses propres renseignements, ceux communiqués par un secteur de l’ambassade des États-Unis, l’Exécutif transmis le dossier au directeur Pierre Denizé qui invita les commissaires à s’expliquer concernant leur réunion chez un attaché militaire étranger à l’insu de la Direction Générale. Se sont ainsi présentés à cette convocation : Guy Philippe, Jean Jacques Nau (Delmas), Gilbert Dragon (Croix-des-Bouquets), Millard Jean Pierre (Pétion-Ville) et Riggens André (Carrefour). Ils ont tous prétendu ne rien savoir. L’enquête plus approfondie ayant révélée dans l’intervalle un mouvement d’hommes armés dans la résidence de l’ancien commissaire de l’aéroport, Patrick Dormévil, les autorités convoquèrent à nouveau les 5 commissaires. Seuls ceux de Carrefour et de Pétion-Ville se sont présentés tandis que les trois autres tacticiens militaires ont préféré gagner le maquis laissant entendre qu’ils étaient prêts à se défendre contre toute tentative d’arrestation. Sur instruction du Président René Préval, le Premier ministre Jacques-Édouard Alexis a ordonné d’arrêter tous ceux qui ne s’étaient pas rapportés, mais les conjurés se faisaient déjà escorter vers la frontière dans la nuit du 17 octobre par une quinzaine de complices qui eux furent arrêtés à leur retour. Les conspirateurs pour leur part bénéficiaient bien d’un soutien du « pays voisin », puisqu’en effet, comme le rapportait l’édition du quotidien dominicain Listín Diario daté 23 octobre 2000, « ils ont traversé la frontière avec l’aide des membres des Forces armées dominicaines à Dajabón et à Monte Cristi. » Face à l’attroupement qui s’était créé autour de l’hôtel où ils étaient hébergés à Dajabón, des hélicoptères ont alors été utilisés pour les évacuer vers la capitale de Santo Domingo. D’après la presse dominicaine, ils étaient d’abord six puis deux jours plus tard un septième serait venu les retrouver. Ils ont été identifiés comme : Mésilor Lemais, Didier Séïde, Patrick Jacques Dormévil, Fritz Gaspar Jr., Noël Godwork et Marie Jude Jean-Jacques. Quant à Guy Philippe qu’on prétendait avoir arrêté à Juana Mendez, il se trouverait plutôt à l’ambassade des États-Unis de Port-au-Prince et c’est lui qui rejoindrait bientôt ses acolytes en République Dominicaine avant de quitter pour l’Équateur un mois plus tard. De nombreuses sources haïtiennes, américaines et diplomatiques crédibles allèguent que Philippe était mêlé dans le trafic des stupéfiants depuis l’époque qu’il dirigeait la police au Cap Haïtien et pendant son exil en République Dominicaine.4 Guy Philippe aurait vraisemblablement aussi été impliqué dans une série d’attaques contre la Police Nationale d’Haïti le 28 juillet 2001 lorsque des groupes armés en uniformes militaires ont assailli des postes de police à Port-au-Prince et dans trois autres villes en criant « Vive l’Armée. » Ils saisirent l’Académie Nationale de Police dans la capitale, attaquèrent le commissariat de police à Mirebalais (30 milles au nord-est de la capitale) puis s’emparèrent brièvement de la ville frontière de Belladère sur la voie du retour en République Dominicaine. Cinq officiers de police y compris un commissaire furent tués et quatorze autres blessés au cours de cette opération.5 L’ambassadeur de la République Dominicaine en Haïti confirmait le 8 août 2001 que dix anciens soldats haïtiens étaient réfugiés dans son pays. La République Dominicaine qui ne possède pas de traité d’extradition avec Haïti accordait le 24 octobre 2001 la résidence provisoire aux onze hommes recherchés pour les attaques du 28 juillet, dix d’entre eux qui se déclaraient anciens membres des Forces Armées d’Haïti et le onzième indiquait qu’il était membre de l’opposition.6 Le Palais National de Port-Au-Prince fut attaqué par 33 hommes armés en uniformes militaires à l’aube le 17 décembre 2001. Deux policiers furent tués, six autres blessés et l’un des assaillants, Chavre Millot, qui possédait de faux documents dominicains périt sur place. Quatre des commandos ont été abattus en essayant de franchir la frontière avec la République Dominicaine alors qu’un cinquième, Pierre Richardson, fut blessé et capturé. Ce dernier était un ex-sergent des Forces Armées d’Haïti qui avait également participé à l’attaque du 28 juillet sur l’Académie Nationale de Police.7 Présenté à la presse au Commissariat de Port-au-Prince le 20 décembre 2001 par le porte-parole de la police, Richardson indiquait aux journalistes qu’il avait participé à un « coup d’état » et précisait avoir assisté à des réunions dans la capitale dominicaine de Santo Domingo avec Guy Philippe qui affirmait posséder le soutien de l’ex-colonel Guy François. Cet appui ne s’était jamais matérialisé et l’allégation de Richardson mena à l’arrestation de François le 19 décembre 2001.8 Antoine « Tony » Saati, PDG de la compagnie d’import-export One World basée à Miami a été arrêté le 20 décembre 2001 à Port-au-Prince dans le cadre de l’enquête, pendant que l’administration Aristide faisait parvenir au gouvernement dominicain par voie diplomatique les noms des chefs conspirateurs dont : Jacques Nau, Gilbert Dragon et Guy Philippe qui niait aux médias toute participation dans l’attaque avant de repartir pour l’Équateur où il débarquait à Quito le 18 décembre 2001. Retenu dès son arrivée par les autorités équatoriennes de l’aéroport Mariscal Sucre puisque son « visa 10-11 d’investisseur » avait été révoqué, il revint en République Dominicaine le 25 décembre 2001 (après une escale à Bogotá en Colombie) où l’inspecteur d’immigration à l’aéroport Las Américas le laissait passer malgré l’interdiction d’entrée émise par le général Fernando Cruz Méndez (Département National des Investigations) qui souhaitait le renvoyer vers son dernier port d’embarquement. Les autorités dominicaines mobilisèrent d’importants effectifs pour retrouver le fugitif, Philippe fut interpellé le 28 décembre 2001 dans la maison d’un ami à Bonao (60 kilomètres au nord de la capitale) et détenu en résidence surveillée tel que rapporté par le Président Hipólito Mejía qui déclarait : « moyennant un accord on a permis à Philippe de rester là où on l’a retrouvé. »9 Dans une entrevue exclusive accordée au journal Listín Diario le 12 janvier 2002, Aristide confirmait qu’il avait demandé l’extradition de certaines personnes soupçonnées d’avoir participé aux événements du 17 décembre 2001 dont : Guy Philippe; l’ancien ambassadeur d’Haïti en République Dominicaine sous la junte du général Prosper Avril (qui torturait arbitrairement ses adversaires), Paul Arcelin; l’ex chef de police Joseph Bagidi; Érar Abraham Goulos — ainsi que Georges Saati, le frère d’Antoine, propriétaire de Simi Global Corporation et co-fondateur avec Olivier Nadal du Parti d’extrême droite Mouvement de l’unité nationale (MOUN). Les services de renseignements dominicains demeuraient bien informés des activités subversives du comploteur Guy Philippe appuyé de ses deux mentors Wendel Claude et Paul Arcelin qui « étaient surveillés de manière permanente par les organismes de sécurité de l’État. » « Nous avons maintenu une attitude équidistante entre les groupes armés, ici et de l’autre côté de la frontière » soutenait le Président Mejía qui transmit sa réponse concernant la demande d’extradition de Philippe par l’intermédiaire de son ambassadeur à Port-au-Prince, Alberto E. Despradel : « Nous ne pouvons l’arrêter pour des raisons politiques. Envoyez-nous le dossier de trafic de drogue que vous dites avoir contre lui. »10 Aristide n’a jamais transmis de dossier, Guy Philippe demeura en République Dominicaine hébergé dans les hôtels cossus de l’île, les rebelles achetèrent des fusils de la société Eulalio Peralta pour un montant de $50,000.00, et les incursions armées par d’anciens militaires haïtiens le long de la rivière Massacre se poursuivirent en 2002. Une douzaine d’hommes attaquèrent le barrage hydroélectrique de Péligre le 7 mai 2003 dans la zone est-centrale du pays près de la frontière dominicaine. Ils ont tué deux gardes de sécurité, mis le feu à la salle de commande et se sont sauvés dans un véhicule d’hôpital volé.11 Guy Philippe et Paul Arcelin avaient été arrêtés dans un hôtel à Dajabón (300 Km au nord-ouest de Saint-Domingue) la journée précédente le 6 mai 2003 par les membres du 10e bataillon de l’armée dominicaine. Suspectés de planifier un coup d’état contre le Président Jean-Bertrand Aristide, ils furent appréhendés en compagnie du banquier Ofinel Al César (Sogebank), d’un ex-inspecteur à l’académie de police haïtienne, Presley Toussaint, et de Hans Germain. Après un interrogatoire qui a duré plus d’une journée, Guy Philippe et les autres ont été relâchés après avoir reçu des instructions formelles selon lesquelles ils ne pouvaient pas entreprendre des mouvements de déstabilisation contre Haïti depuis le territoire dominicain. Aussitôt libéré, Philippe affirmait avoir participé à des agitations et fit savoir qu’il continuerait de mener des actions contre les autorités haïtiennes jusqu’à ce que la crise aboutisse au renversement du régime : « Dans l’état actuel du pays, tout haïtien digne de ce nom doit prendre part à des complots pour renverser le Président Jean-Bertrand Aristide. » Paul Arcelin qui niait toute participation à une conspiration contre le pouvoir, fut identifié comme le représentant de la Convergence Démocratique à Saint-Domingue en République Dominicaine sur les ondes d’une station radio de Port-au-Prince par Paul Denis, le porte-parole de ce regroupement politique qui était la principale branche de l’opposition.12 Des assaillants ont ensuite attiré un véhicule du ministère de l’intérieur dans un guet-apens à Ouasèk près de Pernal le 25 juillet 2003 après que les occupants aient installés un conseil communal dans la ville de frontalière de Belladère. Les attaquants ont tué quatre employés civils du ministère soit : Wilfrid Thomas, Chrétien Augustin, Jean-Marie Dépeignes et Adrien Célestin — leurs corps mutilés et brûlés.13 Front de Résistance des Gonaïves (d’Artibonite) Anciennement connue sous le nom d’Organisation Populaire pour le Développement de Raboteau (quartier défavorisé) qui avait été formée aux Gonaïves dans les années 80 pour résister au Duvaliérisme, l’Armée Cannibale était la force personnelle de l’homme fort de cette ville côtière, Amiot « Cubain » Métayer. En raison de son opposition au régime militaire Cédras de 1990 à 1994, elle fut ciblée par l’armée et le FRAPH aboutissant au Massacre de Raboteau. Après le retour d’Aristide en 1994 qui avait légitimé la violence populaire à tous les niveaux, l’Armée Cannibale était chargée par le pouvoir corrompu de percevoir les taxes portuaires, rançonner la population et les services publics locaux, fut véritablement armée la première fois par le parti Famni Lavalas lors des élections en 2000 afin d’assurer la protection des postes de scrutin, et leurs services furent sollicités par des représentants d’Aristide pour écarter un coup d’état après l’attaque du 17 décembre 2001 sur le Palais National. Ils ripostèrent en incendiant les maisons des chefs du groupe d’opposition Mouvement Chrétien pour un Nouveau Haïti (MOCHRENHA), y compris celle du ministre évangélique protestant, Luc Mésadieu, au nord de Gonaïves, et tuèrent deux de ses membres.14 Les gouvernements étrangers et organismes internationaux de droits humains ont alors défié l’administration Aristide de traduire les meurtriers devant la justice. La police arrêta Amiot Métayer le 3 juillet 2002 aux Gonaïves où il était accusé d’avoir orchestré la violence. Détenu tout d’abord à Port-au-Prince, Métayer a été transféré le 10 juillet à la prison des Gonaïves où l’édifice des douanes avait été brûlé le 8 juillet à la suite de plusieurs journées d’émeutes organisées par ses sympathisants. Des membres armés de l’Armée Cannibale démolirent le mur de la prison avec un tracteur volé le 2 août 2002 pour libérer Métayer et les 160 détenus, y compris un des condamnés pour le Massacre de Raboteau, Jean-Pierre Baptiste (dit Jean Tatoune), qui avait changé d’allégeance au profit des insurgés à Gonaïves. L’hôtel de ville et le palais de justice furent ensuite brûlés pendant que des milliers de manifestants prenaient la rue pour demander la démission d’Aristide, mais Métayer laisserait bientôt tomber son appel pour le renversement du président — laissant supposer qu’une entente privée avait été conclue entre eux.15 Radio Étincelle aux Gonaïves cessait de diffuser le 21 novembre 2002 après avoir été accusée de « travailler pour l’opposition » par l’Armée Cannibale qui menaçait de brûler la station. Le studio fut saccagé quatre jours plus tard.16 Suite aux intimidations de l’Armée Cannibale, les journalistes Jeaniton Guerino et Gedeon Pesendien de Radio Étincelle, Jean-Robert François de Radio Métropole et Henry Fleurimond de Radio Quiskeya furent contraint de se réfugier en République Dominicaine le 14 février 2003.17 L’avocat du juge Marcel Jean, Samuel Madistin, annonçait le 20 février 2003 sur les ondes de Radio Métropole que le magistrat responsable d’enquêter sur l’affaire Amiot Métayer aux Gonaïves s’était réfugié aux États-Unis puisqu’il était sous forte pression de la part des autorités Lavalas qui cherchaient à légaliser l’évasion spectaculaire du puissant chef de gang et faisait face à un sérieux problème de sécurité. Maître Madistin affirmait que les activités de l’Armée Cannibale étaient financées par le ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales selon les ordres d’Aristide. Le procureur adjoint Henock Genelus dut fuir le mois suivant en République Dominicaine avec sa famille « pour éviter d’être tué » après avoir refusé la demande d’un représentant du Président Aristide de laisser tomber les accusations contre Métayer.18 Le procureur du gouvernement, Louizelme Joseph, informait Radio Métropole le 15 mai 2003 que le nouveau juge assigné au cas de Métayer avait laissé tomber toutes les accusations. De son exil en Floride, le juge Marcel Jean déclarait « quelqu’un ne peut pas tuer des personnes, brûler leurs maisons, et brûler le tribunal sans être traduit devant la justice… Je pense que ceci soulève de sérieuses questions au sujet du futur de notre pays. Ce pays n’à aucun futur si c’est la façon dont la justice sera traitée. »19 Jean-Robert Faveur, chef national de la police, fut obligé de démissionner et de prendre l’exil le 21 juin 2003 en raison de l’interférence politique dont il faisait l’objet depuis la présidence. Jean-Michard Mercier, ex-maire adjoint de Port-au-Prince, devait fuir aux États-Unis en août 2003 afin d’échapper aux pressions de la présidence qui voulait le voir candidat à la mairie de Port-au-Prince. Il ne pouvait accepter étant donné la conception du rôle d’un maire qu’avait le pouvoir. Le Substitut du Commissaire du Gouvernement Clamé-Ocnam Daméus se réfugiait aux États-Unis le 26 décembre 2003 pour échapper aux pressions de la présidence qui voulait le voir mettre en accusation trois organisateurs de la marche anti-Aristide du 22 décembre 2003 — soit André Apaid, son avocat Me Gervais Charles (Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince) et Hervé Saintilus. Le corps d’Amiot Métayer fut retrouvé dans une rue des Gonaïves le 22 septembre 2003. Il avait été tiré à bout portant au cœur et dans les yeux après avoir quitté sa maison en compagnie d’un ancien employé de gouvernement qui était un visiteur fréquent au palais présidentiel. Soupçonnant que l’assassinat avait été commandé par le Président Aristide, l’Armée Cannibale érigea des barricades dans les rues de la ville.20 Les manifestations violentes se poursuivirent de façon intermittente jusqu’au 5 février 2004 lorsque Buteur Métayer, qui avait pris la relève de son frère Amiot, renomma son organisation Front de Résistance des Gonaïves et saisit la ville. Sept résidents dont trois policiers périrent au cours des fusillades, 20 personnes ont été blessées, la station d’essence du maire Stéphan Moïse et les maisons de plusieurs partisans d’Aristide furent incendiées, le commissariat de police subit le même sort, plus de 100 détenus furent libérés de la prison, les armes confisquées ont été distribuées aux rebelles, et des milliers de manifestants défièrent le gouvernement de reprendre la ville en criant « Aristide doit quitter. »21 Un convoi de 150 policiers fortement armés fut dépêché de Port-au-Prince aux Gonaïves le 7 février 2004 et repoussé violemment par des milliers de résidants.22 Front de Libération National — les Forces Armées du Nord Le 5 février 2004, la journée même que ses collègues émeutiers prenaient d’assaut les Gonaïves, Paul Arcelin rencontrait au Canada le ministre de la Santé Pierre Pettigrew (nommé le 12 décembre 2003) pour lui expliquer « la réalité d’Haïti. » Ce dernier s’engageait de soumettre un rapport à son gouvernement pendant que Guy Philippe (qui déclarerait recevoir son financement de gens d’affaires haïtiens et des expatriés de la diaspora canadienne) achevait ses derniers préparatifs pour renverser le gouvernement Aristide. Le cabinet de Pettigrew tenta de minimiser l’importance de la rencontre avec Arcelin en préconisant qu’elle fut tenue selon la politique de « porte ouverte » du ministre envers la communauté haïtienne dans sa circonscription de Papineau, sans toutefois reconnaître que le « Rebel » étranger n’était pas au nombre des électeurs inscrits du comté ou même résident canadien.23 Provenant de la République Dominicaine qui servait d’arrière base aux paramilitaires oeuvrant à la déstabilisation du gouvernement Lavalas, Louis-Jodel Chamblain rejoint Guy Philippe le samedi 14 février 2004 et annonçait publiquement qu’ils avaient fait alliance avec les agitateurs des Gonaïves. Les révoltés fusillèrent deux soldats dominicains qui voulaient s’enquérir de leur identité à Dajabón près de la rivière Massacre avant d’atteindre la frontière haïtiano-dominicaine, saisirent la municipalité de Hinche le 16 février 2004 (128 Km à l’est de Port-au-Prince) où le directeur départemental de la police, Maxine Jonas, fut tué avec son garde du corps et le feu mis au commissariat après avoir relâché les prisonniers. Suite à cette incursion, la plate-forme politique de « l’opposition » s’est ouvertement alliée avec les « Rebelles » qui revendiquaient la reconstitution de l’ancienne Force Armée d’Haïti, et l’ancien Sergent Jean-Baptiste Joseph déclarait « l’armée n’est plus démobilisé. L’armée est mobilisée. »24 Paul Arcelin, le coordinateur et conseiller politique de Guy Philippe, avait rejoint ses confrères en Haïti lorsqu’ils effectuèrent ensuite des attaques sporadiques dans les communes du Centre dont celles de Maïssade, Belladère, Thomonde, Pandiassou et Savanette. Les policiers cantonnés à Fort-Liberté et Ouanaminthe abandonnaient leurs postes le 19 février et Cap-Haïtien tombait le 22 février 2004. Guy Philippe et Chamblain qui avaient communiqué leur intention de marcher sur Port-au-Prince au moment de la démission d’Aristide et son départ du pays le 29 février, entraient triomphalement dans la capitale le lundi 1er mars 2004 avec 70 mercenaires aux acclamations de milliers d’habitants. Paul Arcelin déclarait depuis un balcon de l’ancien quartier général de l’armée où plusieurs des insurgés seraient logés, que le choix de ce local situé près du palais présidentiel était un geste « symbolique » et qu’ils allaient arrêter le Premier ministre Yvon Neptune (allié proche de Jean-Bertrand Aristide) pour qu’il soit jugé. « Nous allons l’arrêter » a-t-il lancé sous les vivats de la foule.25 Guy Philippe, qui avait affirmé vouloir « la paix et la réconciliation » avec les partisans de Jean-Bertrand Aristide lors d’une conférence de presse plus tôt dans la journée, continuait à occuper le terrain le lendemain après midi (mardi 2 mars 2004) en défilant avec ses troupes dans la ville suivi d’un vaste cortège d’haïtiens. Quoiqu’il n’a pas indiqué s’il avait l’intention de passer de la parole aux actes au sujet d’Yvon Neptune (éventuellement emprisonné le 27 juin 2004 et libéré le 27 juillet 2006) après les menaces lancées par Arcelin, un détachement de Marines américains est toutefois arrivé peu après à bord six véhicules devant les locaux du Premier ministre pour remplacer la sécurité haïtienne assurant d’habitude la garde de ces bâtiments.26 20 mars 2004 Nommé Premier ministre d’Haïti par intérim le 9 mars 2004, Gérard Latortue s’est rendu le samedi 20 mars 2004 aux Gonaïves d’où était partie l’insurrection qui a conduit au départ du Président Jean-Bertrand Aristide. Les participants au rassemblement incluaient le nouveau chef de la police haïtienne du gouvernement provisoire récemment investi Léon Charles, le ministre de la Justice, Bernard Gousse, le représentant canadien de l’Organisation des États américains (OÉA) David Lee, ainsi que les chefs rebelles Guy Philippe, Buteur Métayer avec son porte-parole Winter Étienne (maire auto proclamé des Gonaïves), Jean-Pierre Baptiste (alias Jean Tatoune) et Louis-Jodel Chamblain. Devant plusieurs milliers de personnes, Gérard Latortue a salué les rebelles en les proclamant des « combattants de la liberté. »27 Le chef du gouvernement a également rendu hommage au défunt Amiot Métayer, ex-chef de l’Armée Cannibale, l’ancienne milice pro-Aristide passée à l’opposition qui a lancé l’insurrection : « Je vous demande une minute de silence pour tous ceux qui sont tombés en luttant contre la dictature et particulièrement pour Amiot Métayer. » Jeudi 6 mai 2004 Discours du Secrétaire Général adjoint de l’Organisation des États américains, Ambassadeur Luigi R. Einaudi, séance protocolaire tenue en honneur du Premier ministre du gouvernement de transition d’Haïti, son Excellence M. Gérard Latortue : « Monsieur le Premier ministre, je suis persuadé que vous comprenez l’ampleur de la surprise, voire de l’inquiétude, qu’ont causé les remarques qui vous ont été attribuées aux Gonaïves le 20 mars. Nos États membres favorisent des solutions d’inclusion et non violentes. Ils sont d’avis que des groupes armés en marge de la loi et les personnes reconnues coupables n’ont pas de place dans l’entreprise nationale de reconstruction et de réconciliation. » Louis-Jodel Chamblain qui avait été condamné par contumace en Haïti le 17 septembre 1995 pour le meurtre d’Antoine Izméry, s’était livré au commissariat de Pétion-Ville le 22 avril 2004 après une rencontre tenue la journée précédente à la direction générale de la Police Nationale d’Haïti avec le ministre de la Justice, Bernard Gousse. Ce dernier estimait que Chamblain devait être à nouveau détenu et rejugé conformément à la loi, mais déclarait publiquement qu’il pourrait très bien se faire accorder un pardon par le Président ou l’assemblée nationale pour « ses grands services à la nation. »28 Le procès de Chamblain et Jackson Joanis (ex-capitaine de police militaire à Port-au-Prince accusé du meurtre de Jean-Marie Vincent le 19 août 1994 qui s’était rendu aux autorités le 9 août 2004) débuta le lundi 16 août 2004 à 4 heures PM et ils furent acquittés lorsque le verdict du jury fut annoncé à 6 heures AM le lendemain matin.29 Reconnaissant le défi de reconstruire en Haïti des « institutions corrompues et brisées », les États-Unis se sont toutefois déclarés « extrêmement préoccupés » le 18 août 2004 lorsque le porte-parole adjoint du département d’État, Adam Ereli, précisait : « Nous regrettons profondément la hâte avec laquelle leurs cas ont été rejugés, ce qui a provoqué des défauts de procédure mettant en question l’intégrité du processus » alors que la Mission spéciale de l’OÉA dénonçait les carences du procès le 19 août 2004. Le ministre des Affaires étrangères du Canada, Pierre Pettigrew, faisait part au contraire lors de son voyage en Haïti avec Denis Coderre (du 28 au 30 septembre 2004) de la « très grande confiance » qu’il plaçait dans la démocratisation du pays par M. Latortue.30 Chamblain et ses complices demeuraient par contre toujours condamnés pour le massacre de Raboteau aux Gonaïves, mais la Cour de Cassation (suprême) d’Haïti renversa ce jugement le 3 mai 2005 et annula les peines prononcées contre les quinze anciens militaires et membres survivants de l’organisation paramilitaire FRAPH.31 Le Gouvernement de Transition affirmait dès son investiture que la reconstitution de l’armée d’Haïti était un sujet qui relèverait du prochain gouvernement élu — mais il s’engageait à lancer des études effectuées par le ministre Hérard Abraham pour déterminer son rôle et ses budgets. Les militaires démobilisés mandataient ensuite Rigaud Duplan et Wendel Claude le 5 septembre 2004 pour négocier un accord avec le gouvernement sur la question des Forces Armées d’Haïti. Le Bureau de Gestion des Militaires Démobilisés était créé le 6 octobre 2004, Guy Philippe qui avait constitué son parti politique Front de Reconstruction Nationale le 18 mai 2004 (enregistré le 30 décembre) dans le but de conquérir le pouvoir par les urnes signait l’Accord de Transition Politique le 2 décembre 200432 et le Premier ministre Gérard Latortue indiquait qu’il croyait que le prochain gouvernement rétablirait l’armée en insistant que la question posée n’était pas de déterminer si Haïti devait en avoir une mais plutôt comment elle serait composée.33 La perception aux États-Unis du naufrage haïtien se résume à la fuite des réfugiés qui entreprenaient de gagner les côtes de la Floride par mer sur des embarcations de fortune, son rôle d’entrepôt pour la réexportation de cocaïne colombienne et sa capacité de créer un environnement potentiellement propice pour accueillir des cellules terroristes menaçantes.34 Faisant référence aux efforts de Guy Philippe qui tentait d’enrôler 1 500 anciens militaires dans la Police Nationale d’Haïti, l’ambassadeur américain à Port-au-Prince, James B. Foley, déclarait : « Notre plus grande inquiétude concerne le commerce de la drogue. Avec le départ d’un pouvoir qui entretenait des relations intimes avec les grands trafiquants, il va y avoir un effort de reconstituer les réseaux — y compris en essayant d’infiltrer et de manipuler la police. »35 Guy Philippe déclarait le 30 mai 2007 que sa contestation armée contre le régime Lavalas avait été financée par des membres du secteur commercial privé (liés au mouvement GNB) et la classe politique : « André Apaid Junior, Évans Paul, Dany Toussaint, Serges Gilles, Himmler Rébu, tous étaient venus me rencontrer en territoire voisin pour planifier le renversement de M. Aristide. » Des agents américains de la DEA (et policiers haïtiens de Port-au-Prince) munis d'un mandat international évoquant le trafic de drogue, ont subséquemment tenté de l'arrêter le 16 juillet 2007 mais il n'était pas à son domicile des Cayes (quartier Bergeau) au moment de cette perquisition.36 Former Haiti coup leader Guy Philippe pleaded guilty in U.S. drug case on 24 April 2017, Jonathan Stempel, Reuters 1 Human Rights Watch, 02-27-2004; Carol J. Williams, Los Angeles Times, 02-29-2004. 2 Amnesty International, 02-16-2004; HRW, 02-27-2004. 3 Inspection Générale de la PNH, 11-09-1998; National Coalition for Haitian Rights, 01-1997; Daniel Trenton, Miami Herald, 02-20-2004. 4 Edward Cody, Washington Post, 02-02-2001; HRW, 02-27-2004; Chicago Tribune, 03-01-2004; Associated Press, 04-28-2004; Time, 05-02-2004; New York Times, 05-16-2004. 5 Platform of Haitian Human Rights Organizations, 08-2001; New York Times, 08-18-2001; Reuters, 12-19-2001. 6 Quixote Center, Washington D.C., 08-17-2001; Andrés Cala, Associated Press, 10-24-2001. 7 Michael Norton, Miami Herald, 12-18-2001; Nancy San Martin, Miami Herald, 12-19 & 20-2001. 8 Miami Herald, 12-21-2001. 9 Nancy San Martin, Miami Herald, 12-27-2001; El Nacional, 12-28-2001; Miami Herald, 12-29-2001; Orlando Sentinel, 12-30-2001. 10 Jean-Michel Caroit, Le Monde, 04-01-2004. 11 Scott Wilson, Washington Post, 11-18-2003. 12 Listín Diario, 05-07-2003; AFP, 05-07-2003; Amy Bracken and Trenton Daniel, Miami Herald, 02-18-2004; Trenton Daniel, Miami Herald, 02-20-2004. 13 AI, 10-08-2003. 14 Michael Norton, Miami Herald, 12-18-2001 & 08-06-2002; Scott Wilson, Washington Post, 02-13-2004; HRW, 02-27-2004). 15 Miami Herald, 07-09-2002; Michael Norton, Associated Press, 08-06-2002; New York Times, 08-10-2002; AI, 05-28-2003. 16 Committee to Protect Journalists, New York, 2003. 17 Andrés Cala, Associated Press, 02-18-2003. 18 Michael Norton, Associated Press, 03-18-2003. 19 Marika Lynch, Miami Herald, 05-16-2003. 20 Michael Norton, Miami Herald, 09-24-2003; Jane Regan, Miami Herald, 09-26-2003; Miami Herald, 10-04-2003, Carol J. Williams, Los Angeles Times, 11-29-2003. 21 AP, 02-06-2004; Los Angeles Times, 02-07-2004; Michael A.W. Ottey, Miami Herald, 02-07-2004; The Guardian, 02-07-2004. 22 Michael A.W. Ottey, Miami Herald, 02-08 & 09-2004. 23 La Presse, 02-25-2004; Shawn McCarthy, Jeff Sallot & Paul Knox, Globe and Mail, 03-02-2004; Sue Montgomery, Montreal Gazette, 03-09-2004. 24 Washington Post, 02-19-2004. 25 Associated Press & Canadian Press, 03-02-2004. 26 AFP, 03-02-2004, 07-27-2006; Alter Presse, 07-27-2006: Yvon Neptune était incarcéré suite au mandat émis le 25 mars 2004 pour son implication présumée du massacre de la Scierie à Saint-Marc (nord), quartier où des dizaines de personnes avaient été tuées à partir du 9 février, deux semaines avant le départ de l’ex-président Jean Bertrand Aristide. Libéré par l’administration Préval, il a quitté la prison à bord d’une ambulance de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) en présence du directeur de l’Administration Pénitentiaire Nationale (APENA), Marc Wilkens Jean, au milieu d’un imposant dispositif de sécurité. 27 AP, 03-20-2004; International Herald Tribune, 04-16-2004. 28 Time, 05-02-2004; AFP, 08-17-2004. 29 AFP, 08-17-2004; Michael A.W. Ottey, Miami Herald, 08-18-2004. 30 AFP, 10-06-2004. 31 Joseph Guyler Delva, Reuters, 05-10-2005. 32 AFP, 05-19-2004; Bureau de Presse du Premier Ministre, 12-17-2004; Conseil Électoral Provisoire, 04-2005. 33 AP, 10-24-2004. 34 PBS (WGBH), Wide Angle, Bill Moyers interview transcript with James Dobbins (special envoy for both the Clinton and Bush administrations, supervised peacekeeping and nation-building operations in Haiti, Somalia, Bosnia, Kosovo and Afghanistan, Director of the International Security and Defense Center at the Rand Corporation), 08-23-2005: “Haiti is a poor, largely ungoverned society, which is prey to drug smuggling. It’s a transit point for drugs from South America. It’s a potential breeding ground for terrorism. It’s a black hole the way Lebanon (a source of criminality, violence and terrorism) was a black hole in the 1980’s.” 35 Discours, Karibe Convention Center, 04-27-2004; AP, 04-28-2004. 36 Le Matin, 05-30-2007; Signal FM, 05-30-2007; Le Nouvelliste, 05-31-2007; AHP, 07-16-2007; Joseph Guyler Delva, Reuters, 07-17-2007. |
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