Appui du régime corrompu Aristide par le gouvernement canadien en 2003

Denis Paradis, secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères, John Manley, avait personnellement constaté la corruption extrême qui existait en Haïti pendant son séjour d’une semaine en 2001 à l’invitation de l’ambassadeur du Canada :

« Si les Canadiens traitaient leurs animaux comme les autorités haïtiennes traitent leurs citoyens, on les mettrait en prison » en ajoutant « il n’y a plus de dignité et le pays est une bombe à retardement qu’il faut désamorcer tout de suite. »1

Le 15 janvier 2002, Paradis fut promu au poste de ministre d’État sous le titre de secrétaire d’État pour l’Amérique latine, l’Afrique et La Francophonie. Afin de trouver une solution et mettre fin à la terreur qui régnait en Haïti, il organisa une rencontre appelée Initiative d’Ottawa sur Haïti du 31 Janvier au 1er février 2003 au Lac Meech avec le secrétaire général adjoint de l’Organisation des États américains, Luigi Einaudi, l’envoyé spécial des initiatives hémisphériques occidentales du département d’État américain, Otto Reich, les représentants de l’Union Européenne, la ministre des Affaires étrangères du Salvador Maria Da Silva et le ministre délégué français de la Coopération et à La Francophonie, Pierre-André Wiltzer.

Selon les critères du rapport émis en 2001 par la Commission internationale de l’intervention et de la souveraineté des États intitulé la responsabilité de protéger dont les principes clés touchent la façon de répondre aux « violations flagrantes, massives et systématiques des droits de l’homme, qui vont à l’encontre de tous les principes sur lesquels est fondée notre condition d’êtres humains » et soulignent que l’intervention militaire ne devrait être envisagée que si les mesures de prévention ont été épuisées, la possibilité d’une forme de mise en tutelle d’Haïti qui avait été examinée au cours des discussions fut incorporée dans une expertise soumise aux Nations Unies à la demande du secrétaire général Kofi Annan.2

L’article de Michel Vastel intitulé « Haïti mise en tutelle par l’ONU ? » qui dévoilait l’existence de cette réunion circulait déjà avant sa parution dans l’édition du 15 mars 2003 de l’Actualité lorsque l’ambassadeur du Canada en Haïti, Kenneth Murray Cook, fut chargé par ses maîtres politiques d’envoyer une lettre datée 28 février 2003 au ministre des Affaires étrangères haïtien, Joseph Philippe Antonio, pour démentir les déclarations du journaliste.

Cette correspondance fut suivie par un communiqué de presse du gouvernement canadien émis par l’ambassadeur Cook le 21 mars 2003 au nom des ministres Susan Whelan (Coopération internationale), Bill Graham (Affaires étrangères) et Denis Paradis qui annonçaient une contribution additionnelle de $500,000.00 pour renforcer les institutions démocratiques en Haïti, en particulier dans le domaine de la justice, le développement institutionnel et la saine gestion publique.

Malgré le rapport accablant du ministère des Affaires étrangères du Canada qui décrivait en détail l’impunité sanctionnée par le gouvernement Aristide et la corruption qui était devenue une institution indispensable au fonctionnement de l’État haïtien, l’ambassadeur ajoutait que ces déboursés permettraient d’améliorer la qualité de vie dans les communautés haïtiennes !3

Denis Paradis qui avait ouvertement dénoncé la corruption en Haïti, fut pour ce geste relevé de ses fonctions (le poste de secrétaire d’État serait également éliminé) et devint ministre d’État aux Institutions financières le 12 décembre 2003 avant d’être rétrogradé au rang de simple député libéral du comté Brome-Missisquoi par le gouvernement Martin après l’élection générale du 28 juin 2004.

Palmarès du crime organisé sous le régime Aristide :

  1. Réputé d’être un protégé intouchable d’Aristide, le narcotrafiquant Beaudouin « Jacques » Kétant fut arrêté le 17 juin 2003 et incarcéré à Miami. Condamné à subir une peine de 27 ans au pénitencier fédéral le 25 février 2004, il accusait l’ancien président lors de son jugement d’être un « baron de la drogue qui contrôlait 85 % du trafic international en Haïti. » (Opération Escandalo)
  1. Un responsable policier qui avait le titre officiel de responsable du parc automobile du Palais National (siège de la présidence) et considéré comme très proche de l’ex-président, Jean-Anthony Nazaire, a été arrêté le 12 mars 2004 lors d’une opération de police à Port-au-Prince. Il avait eu son visa américain annulé en janvier 2002 en raison de son implication présumée au trafic de drogue et participation présumée à des violations majeures des droits humains.
  1. Oriel Jean, chef de la sécurité du président Aristide arrêté à l’aéroport Pearson de Toronto le 12 mars 2004 alors qu’il arrivait de la République Dominicaine et soupçonné d’être mêlé au trafic de drogue, il a renoncé aux procédures d’extradition et fut envoyé à Miami où il comparu le 19 mars 2004 sous des accusations d’avoir conspiré pour introduire de la cocaïne aux États-Unis. Il plaida coupable de blanchiment d’argent, fut condamné le 11 août 2005 et reçut 3 ans de pénitencier le 18 novembre 2005. (Opération Escandalo)
  1. L’ancien commandant de la brigade policière nationale haïtienne, Rudy Therassan, incarcéré depuis le 14 mai 2004 à Miami pour le trafic de cocaïne et blanchiment d’argent, plaida coupable le 20 avril 2005 et fut condamné à 15 ans de pénitencier le 13 juillet 2005. (Opération Escandalo)
  1. Yvon Feuiller, un proche d’Aristide et président du Sénat au moment du départ de l’ex-président, il fut interpellé le 19 mai 2004 lors d’une opération anti-drogue en République Dominicaine et placé sous contrôle policier dans la ville côtière des Cayes, au sud-ouest de Port-au-Prince, dans le cadre d’une enquête sur une affaire de drogue.
  1. L’ex-responsable du Bureau de lutte contre le trafic des stupéfiants (BLTS), Evens Brillant, a été expulsé le 26 mai 2004 à Miami après avoir été interpellé par la force multinationale intérimaire pour sa participation présumée au trafic de cocaïne colombienne vers les États-Unis à partir d’Haïti. Inculpé le 18 juin 2004, il fut innocenté le 8 octobre 2005. (Opération Escandalo)
  1. Ancien directeur général de la police haïtienne et membre de la sécurité rapprochée d’Aristide, Jean Nesly Lucien, a été interpellé le 26 mai 2004 à Miami. Une personnalité très proche de l’ancien régime qui fut mis en cause pour trafic de drogue, il plaida coupable de blanchiment d’argent le 12 avril 2005 et reçut une peine légère de 5 ans le 13 juillet 2005 grâce à sa coopération avec les autorités dans leurs enquêtes. (Opération Escandalo)
  1. Jean-Marie Fourel Célestin, ancien président du Sénat haïtien recherché par la police Haïtienne et les services anti-drogue américains pour sa participation présumée au trafic de cocaïne vers les États-Unis, il s’est présenté le 2 juin 2004 à l’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince où il a été remis aux agents de la Drug Enforcement Administration (DEA) qui l’ont embarqué dans un avion de leurs services en partance vers Miami. (Opération Escandalo)
  1. Une proche de l’ex-président Aristide, Hermione Léonard, qui occupait les fonctions de directrice départementale de la police pour le département de l’Ouest qui englobe Port-au-Prince fut arrêtée le 2 juin 2004 en République Dominicaine pour son implication présumée à un trafic de cocaïne vers les États-Unis à partir de la Colombie.
  1. Romaine Lestin, ancien Chef de l’escouade policière tactique, commissaire de l’aéroport à Port-au-Prince et de la ville de Tabre, fut arrêté le 2 juillet 2004 en République Dominicaine et traduit devant les tribunaux de Miami le 6 juillet 2004 accusé d’exportation de cocaïne aux États-Unis. Il plaida coupable devant la juge Marcia Cooke le 23 août 2005. (Opération Escandalo)
  1. Stéphanie Ambroise, ancienne responsable de la sécurité pour American Airlines à Port-au-Prince interpellée le 14 octobre 2004 par les agents de la DEA à Miami, fut accusée d’avoir exporté 1,300 livres de cocaïne par mois aux États-Unis pendant la période 2001-2003 en retour d’un paiement de $2,000.00 par Kg. (Opération Escandalo)
  1. Immacula Bazile, ancien membre du Parti Lavalas de la législature impliqué dans le trafic des stupéfiants à Jacmel, il est disparu au moment du départ de Jean-Bertrand Aristide le 29 février 2004.
  1. Wilnet Content, ancien membre du Parti Lavalas de la législature impliqué dans le trafic des stupéfiants à Jacmel, il est disparu au moment du départ de Jean-Bertrand Aristide le 29 février 2004.
  1. Marcellus Nahoum, ancien membre du Parti Lavalas de la législature impliqué dans le trafic des stupéfiants à Cap-Haïtien, il est disparu au moment du départ de Jean-Bertrand Aristide le 29 février 2004.
  1. Un Canadien d’origine haïtienne, Arnoux Laveau, fut arrêté le 13 octobre 2004 à l’aéroport de Port-au-Prince alors qu’il arrivait de Montréal (Mirabel) avec US$800,000.00 dissimulés dans un double fond de ses valises. Son arrestation survenait alors que la police haïtienne enquêtait sur un éventuel financement des violences provoquées à Port-au-Prince depuis le 30 septembre 2004 par des partisans du président déchu Jean-Bertrand Aristide.

1 Michel Vastel, l’Actualité, 15 mars 2003.

2 Affaires étrangères et Commerce international Canada (mise à jour le 04-24-2006): « Depuis la crise du Kosovo, une série d’initiatives gouvernementales et non gouvernementales visent principalement à trouver un terrain d’entente sur la question du recours à l’intervention militaire pour assurer la protection des civils. Le Canada a créé en 2000 la Commission internationale de l’intervention et de la souveraineté des États ayant pour mandat de s’attaquer à la question, et il a fait valoir son rapport historique, La responsabilité de protéger, comme un excellent cadre pour dégager un consensus international. »; AHP, 08-11-2005: Le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OÉA), José Miguel Insulza, a déclaré dans une interview au journal Listín Diario le 10 août 2005 « qu’il existe toujours la possibilité du ‘fideicomiso’ (fidéicommis), une figure maintenue dans les normes des Nations Unies depuis la fin des états coloniaux, que l’on comprend comme la situation juridique d’un pays incapable de se prendre en charge et qui est sous la tutelle de l’ONU. » La priorité, a-t-il dit, « c’est d’obtenir une croissance économique, ce qui n’est pas possible, sans les structures nécessaires et sans une action décidée de la part de l’État lui-même. »

3 The Canadian Embassy in Haïti, 03-21-2003; Ministère des Affaires étrangères du Canada, 2003 (mise à jour le 03-24-2004).


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