Financement des régimes corrompus haïtiens par le gouvernement du Canada (1968-2006) Attribué la 153e position sur 177 pays regroupés dans l’index 2004 du Programme des Nations Unies pour le développement humain, « l’État haïtien n’arrive pas à répondre adéquatement aux demandes de services de sa population dans le domaine de la justice. De sa naissance à sa mort, le citoyen peut vivre ignoré des services de l’État et les institutions civiles sont incapables d’assumer leur responsabilité. Parallèlement à l’incompétence et la corruption de certains magistrats, l’obsolescence des lois et le dilatoire procédural dispendieux, l’absence d’un minimum d’infrastructures caractérisent la justice haïtienne. »1 Depuis le lancement du programme de coopération en 1968 jusqu’au 9 mars 2004, le Canada a accordé à Haïti une aide au développement excédant 611 millions de dollars.2 Sur ce total, $337 millions ont été acheminés par le biais des projets bilatéraux de l’ACDI (aide de gouvernement à gouvernement), $122 millions par l’intermédiaire des programmes de partenariat et $76 millions par la voie d’initiatives multilatérales. « Étant donné que la pauvreté endémique résulte dans une large mesure des problèmes de mauvaise gestion (euphémisme du terme corruption), l’ACDI s’attaque à une cause profonde de la pauvreté en s’efforçant de renforcer la primauté du droit. »3 Distribution des fonds :
1991 – 19 septembre 1994 (débarquement des Marines américains) : Interruption du programme d’aide canadien pendant le régime militaire du général Raoul Cédras. Après le retour au pouvoir de Jean-Bertrand Aristide le 15 octobre 1994, la communauté internationale octroyait 3 milliards de dollars pour appuyer Haïti et le Canada contribua $273 millions entre 1994 et 2002 qui ont été investis dans le secteur de l’aide à la gouvernance, le développement de la démocratie et la saine gestion publique.5 L’aide publique au développement accordée à Haïti par le Canada en 2002-2003 axée principalement sur les droits de la personne et la justice s’élevait à $23,8 millions au moment où ce pays se classait au 7e rang sur l’indice mondial 2002 de la corruption et occuperait la 3e place l’année suivante en 2003.6
Résultat : « L’absence de volonté politique (du gouvernement haïtien), la perception des interventions comme une menace (aux autorités) et des demandes inconsidérées ont amené le Canada à se retirer. Malgré la construction de palais de justice et la formation de juges, la justice n’est toujours pas mieux rendue. »7 Le Président Jean-Bertrand Aristide abdiquait le pouvoir le 29 février 2004, accusé d’avoir transformé son pays en plaque tournante de la drogue lui permettant d’amasser US$800 millions, dont $300 millions déposés sur des comptes bancaires aux États-Unis.8 Cette politique de financer tous ces régimes criminalisés a forcément occasionné le recours inévitable d’interventions militaires canadiennes :
Le coût estimé de ces missions se situe au delà de $350 millions. Le Canada avait versé $16 millions au pays depuis février 20049 lorsque les ministres Denis Coderre (La Francophonie), Aileen Carroll (Coopération internationale) et Bill Graham (Affaires étrangères) se sont présentés en Haïti le vendredi 7 mai 2004. Quoique ce dernier reconnaissait que les $313 millions déboursés en Haïti par le gouvernement canadien depuis 1994 furent pillés par les administrations Aristide et Préval,10 l’ambassadeur canadien Kenneth Murray Cook annonçait discrètement deux jours plus tard le versement d’une contribution additionnelle de $13 millions le 9 mai 200411 pour appuyer Gérard Latortue qui avait été nommé Premier ministre de l’administration intérimaire le 9 mars 2004. Bill Graham et Aileen Carroll ont ensuite annoncé à Ottawa le 18 juillet 2004 que le Canada allait fournir $183 millions sur deux ans pour soutenir les efforts de développement en Haïti. Cette contribution distribuée par l’ACDI inclut près de $147 millions à l’appui du Cadre de coopération intérimaire (CCI) du gouvernement transitoire et $33 millions pour déployer les policiers canadiens qui participaient à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).12 Détenant la mention du pays le plus soudoyé à l’échelle planétaire en 2004, Haïti remboursait US$52,6 millions d’arriérés à la Banque Mondiale le 4 janvier 2005 grâce au don canadien de US$12,7 millions — et l’ambassadeur du Canada, Claude Boucher, remettait au Premier ministre Gérard Latortue le 10 janvier 2005 un don supplémentaire de $17 millions pour soutenir le processus des élections générales.13 Les programmes de subventions totalisant quelques $875 millions et les missions militaires en Haïti depuis 1968 avaient coûté plus d’un milliard 225 millions de dollars aux contribuables canadiens en 2005. Le gouvernement conservateur du Premier ministre Stephen Harper consentit ensuite de verser à Haïti $520 millions sur cinq ans le 25 juillet 2006.14 Ginette Martin (Affaires étrangères Canada, directrice de la division Haïti, bureau d’Amérique Latine et Caraïbes), ajoutait avec fierté dans sa lettre du 5 octobre 2006 adressée à MREG au nom de son ministre Peter MacKay, que cette somme supplémentaire avait été octroyée aux autorités corrompues de cet État défaillant pour exécuter le mandat de rétablir la primauté du droit ! William Easterly explique cette rhétorique malhonnête — incessamment invoquée pour vanter les mérites de l’aide internationale (accordée sans imputabilité et qui finance couramment la prévarication), avec l’observation réfléchie que ces institutions « sont récompensées pour les buts qu’elles fixent plutôt que pour ceux qu’elles atteignent, parce que l’opinion publique des pays riches peut voir ces objectifs, mais pas les résultats. »15 1 Agence Canadienne de Développement International, 08-17-1998. 2 ACDI, 03-09-2004. 3 ACDI, La coopération canadienne dans les Antilles, édition 2000, 10-25-2000. 4 ACDI, Direction générale de l’examen du rendement, 10-15-2003. 5 ACDI, Direction générale de l’examen du rendement, 10-15-2003. 6 ACDI, 03-09-2004; Transparency International. 7 ACDI, Direction générale de l’examen du rendement, 10-15-2003. 8 François Hauter, Le Figaro, 03-28-2004. 9 ACDI, 07-19-2004. 10 Radio-Canada, 05-08-2004. 11 Dow Jones, 05-11-2004. 12 Department of Foreign Affairs, Departmental Performance Report, 2004-2005 (period ending 31 March 2005), p. 61: “Canada undertook a leadership role in international efforts to re-establish security and stability in Haiti, and to assist in the longer-term reform and reconstruction efforts. In 2004, Canada quadrupled its aid to Haiti from $23 million to more than $90 million (as part of an 18-month commitment of $183 million) making it our largest aid recipient in the Americas, and making Canada the second-largest bilateral donor to Haiti.” 13 Transparency International; Groupe Banque Mondiale, 01-06-2005; Nations Unies, 01-10-2005; Associated Press, 01-10-2005. 14 ACDI (Josée Verner, ministre de la Coopération internationale, Peter MacKay, ministre des Affaires étrangères et Stockwell Day, ministre de la Sécurité publique), 07-25-2006; Radio-Canada, 07-25-2006. 15 William Easterly, The White Man’s Burden, The Penguin Press, New York, 2006, p. 185. |
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